Je n'ai jamais été du genre à rejeter les réseaux sociaux d'un revers de main. Instagram m'a accompagné pendant des années : d'abord comme un carnet visuel, puis comme une vitrine, parfois comme une tentation. Comme beaucoup, je me suis surpris à faire des comparaisons automatiques — une maison plus jolie, un café mieux présenté, des voyages plus exotiques, des corps plus harmonieux. À force, ces regards comparatifs ont pesé sur mon humeur et sur ma manière de vivre. J'ai donc appris à utiliser Instagram sans me laisser envahir par la comparaison. Voici ce qui fonctionne pour moi, sans moralisme, juste des outils concrets et des petites habitudes qui rendent l'expérience plus sereine.
Comprendre pourquoi Instagram nous pousse à comparer
Avant de parler d'astuces pratiques, il faut nommer le mécanisme. Instagram est une plateforme de visibilité. Elle récompense l'image soigneusement composée, le récit condensé et l'instant qui attire le regard. Ce n'est pas un reflet fidèle de la vie des gens — c'est une sélection. Quand on scrolle, notre cerveau reçoit une suite d'informations triées pour capter l'attention : beauté, réussite, bien-être. Sans filtre mental, il est facile de croire que ce qu'on voit est la norme, et d'en déduire des manques chez soi.
Pour moi, il a été utile de me rappeler que chaque post est une scène mise en scène. Derrière une photo, il y a souvent de la préparation, du cadrage, des retouches et un contexte invisible. Intégrer cette nuance change beaucoup la donne.
Curater son fil : choisir la qualité plutôt que la quantité
La première décision a été drastique : j'ai réduit le nombre de comptes suivis. Au lieu de m'abonner à tout ce qui me plaisait sur le moment, j'ai établi une règle simple — si un compte n'apporte pas quelque chose de concret (inspiration, information utile, rire, émerveillement) après deux semaines, je le mute ou le supprime.
- Je privilégie les comptes qui montrent à la fois l'ombre et la lumière : voyages réels, critiques d'expositions honnêtes, récits de routines imparfaites.
- J'utilise la fonction Favoris pour regrouper les comptes qui nourrissent vraiment ma curiosité. Ça me permet de retrouver un flux apaisant quand je veux juste un moment inspirant.
- Le bouton Mute
Rituel d'ouverture : l'intention avant le scroll
Si je ne veux pas me laisser entraîner, je définis une intention avant d'ouvrir l'application. Par exemple :
- "Je consulte pour trouver une idée de lecture."
- "Je veux m'inspirer pour une recette ou une escapade."
- "Je veux juste deux minutes de détente."
Poser une intention me permet de sortir plus facilement du mode navigation infinie. Si je n'ai pas d'intention claire, je ferme l'appli.
Limiter le temps, mais de manière bienveillante
J'ai essayé plusieurs méthodes : minuteur, Screen Time d'iOS, extensions pour verrouiller l'application. Les chiffres stricts (30 minutes par jour) ont parfois créé un sentiment de privation et m'ont rendu obsédé par "utiliser mon quota". J'ai trouvé plus durable d'instaurer des règles douces :
- Pas d'Instagram au réveil ni juste avant de dormir : ces moments sont vulnérables à la comparaison.
- Une session "inspiration longue" une fois par jour, planifiée, pour lire, noter des idées et enregistrer des posts utiles.
- Utiliser le minuteur pour les sessions de pure scroll (par exemple 10-15 minutes) et le respecter sans culpabiliser.
Changer le rôle que joue Instagram dans votre vie
J'ai changé ma relation à Instagram en lui assignant des rôles précis :
- Outil d'inspiration : idées de voyage, livres, expositions.
- Canal de contact : maintenir des relations légères avec des amis éloignés.
- Carnet visuel : garder des images qui correspondent à ce que j'aime vraiment.
Quand Instagram n'est plus l'autorité sur ce qui est "bien", il perd beaucoup de son pouvoir comparatif.
Pratiquer la "journalisation de contraste"
Un exercice simple m'a aidé à rendre visible le fossé entre perception et réalité : pour chaque post qui me déclenche un sentiment d'envie, j'écris trois petites notes :
- Qu'est-ce que j'apprécie dans cette image ? (couleurs, ambiance, lieu...)
- Qu'est-ce que je ne vois pas derrière la photo ? (travail, contraintes, mise en scène)
- Est-ce que je peux m'inspirer sans imiter ? (idée concrète à retenir)
Ce petit rituel transforme l'envie en matière première pour agir plutôt qu'en source de malaise.
Créer plus que consommer
Le fait d'utiliser Instagram pour créer — partager des photos de petits moments, des réflexions, des lectures — a réduit mon sentiment de passivité. Quand je poste, je choisis l'authenticité plutôt que la perfection. Les retours ne sont pas le but : c'est l'acte de documenter qui compte. Écrire une légende honnête ou montrer un coin de vie imparfait me rappelle que la valeur d'une vie ne se mesure pas en likes.
Prendre des pauses régulières et tester des détox
Il y a eu des périodes où j'ai complètement fermé mon compte pendant une semaine ou un mois. Ces détox m'ont permis de mesurer l'impact réel : moins d'inquiétude, plus de présence aux lectures et aux conversations réelles. Je ne fais pas de jeûne permanent, mais j'alterne entre périodes actives et pauses conscientes.
Outils et fonctions utiles
Quelques fonctions et applications m'ont aidé :
- Favoris et Close Friends : pour personnaliser le flux et partager plus intimement.
- Mute et Restrict : garder la paix sans couper les liens.
- Screen Time (iOS) / Bien-être numérique (Android) : fixer des limites qui restent souples.
- Applications de curation comme Feedly ou des newsletters pour remplacer une partie du scrolling d'inspiration.
Se rappeler que le bonheur se cultive hors-Instagram
Au fil du temps, j'ai appris à démultiplier les sources d'inspiration et de satisfaction : une marche sans téléphone, une après-midi à lire dans un café, des conversations profondes avec des amis. Ces expériences diminuent l'importance relative des images parfaites. Instagram redevient un élément du paysage, pas la carte qui indique où se trouve le bonheur.
| Action | Effet attendu |
|---|---|
| Réduire les abonnements | Flux plus apaisant, moins d'envies immédiates |
| Définir une intention | Moins de défilement automatique |
| Journaliser les envies | Transformation de l'envie en inspiration |
| Créer vs consommer | Moins de passivité, plus d'authenticité |
Je n'ai pas de recette universelle ; je tâtonne encore parfois. Mais ces gestes simples — choisir, intentionner, documenter — m'ont permis de reprendre le contrôle. Instagram peut rester une fenêtre ouverte sur le monde sans devenir le juge de ma valeur. Et si un jour je replonge, je sais que je peux revenir à ces principes pour rééquilibrer la balance.